Miroir de l’association libanaise Cultural Resistance créée par Jocelyne Saab en 2014, l’Association Jocelyne Saab a été créée en 2019 en France à la suite du décès de la réalisatrice afin de protéger, restaurer et valoriser son patrimoine artistique.

Conservés pour la grande majorité d’entre elles dans de bonnes conditions aux Archives françaises du film, les films tournés entre 1974 et 1986 en 16mmont pu être restauré afin de pouvoir leur offrir une large diffusion. Ces restaurations ont été effectuées à partir des copies de travail de Jocelyne Saab, en positif inversible, très abîmées en raison du travail de montage effectué directement sur le matériel sans que des copies des rushes n’aient pu être faites en négatif ou en internégatif : c’étaient là les techniques de la télévision de l’époque. Les images étaient ainsi très marquées : rayées, tachées, déjà au moment du montage réalisé dans l’urgence en temps de guerre, et affectées également par la suite par la ressortie par Jocelyne du matériel pour d’autres usages dans d’autres projets. Animée par la volonté de faire connaître ces images pour la plupart jusque-là presque invisibles, l’AJS a donc, dès sa création, entrepris un important travail de restauration et a choisi de mettre en œuvre ce projet au Liban, où la majeure partie des images ont été tournées durant la guerre civile. Cette décision s’est rapidement imposée comme une évidence compte tenu du travail de mémoire initié de son vivant par Jocelyne Saab et ce, alors que le pays sombrait de nouveau dans une grave crise économique, sociale et politique.

Pour mener à bien ce projet au Liban, une première étape de sensibilisation aux enjeux de la préservation filmique s’est engagée auprès des techniciens sélectionnés. Ainsi, grâce au soutien de nombreux professionnels dont l’expertise est mondialement reconnue dans ce domaine – l’Institut national de l’audiovisuel, la Fédération Internationale des Archives Film (FIAF) et la Cinémathèque suisse – comme à l’expertise de plusieurs entreprises de post-production libanaises, l’AJS a organisé une série d’ateliers à Beyrouth avec pour mission de transmettre les différentes techniques de restauration filmique (numérisation, restauration numérique image, restauration numérique son) dans le respect des règles établies par la charte éthique de la FIAF.

Ces ateliers s’adressaient principalement à des techniciens basés au Liban et aux techniciens des structures qui nous ont accueillies, à Gand (KASK & Conservatoriuum) et à Marseille (Polygone étoilé). Ils ont abouti à la formation d’une dizaine de techniciens libanais dont le travail a permis de restaurer les 15 premiers documentaires de Jocelyne Saab.

Devenus eux-mêmes formateurs, ils accompagnent aujourd’hui d’autres personnes curieuses de découvrir les différents enjeux liés à la préservation filmique au cours d’ateliers organisés régulièrement par l’AJS dans différents pays arabes (Liban, Egypte, Tunisie, Jordanie) (voir « Nos formations »). Ces ateliers sont également l’occasion de restaurer des films, permettant de les remettre en circulation sans difficulté.