Samar est une jeune fille de la guerre. Nomade forcée, elle a grandi parmi les combattants, avec lesquels elle apprend à vivre dans un pays en guerre. Le défi qu’elle lance constamment à la vie contraste avec son goût pour les comédies d’amour égyptienne, jusqu’au jour où sa rencontre avec Karim nouera ces deux parties de sa personnalité, avec la naissance d’une histoire d’amour au cœur de la guerre.

Distribution

Réalisation : Jocelyne Saab
Journaliste : Jörg Stocklin
Image : Gérard Simon, Hassan Naamani
Son : Marc Mourani, Michel Beruet
Montage : Philippe Gosselet, Marie-Jeanne de Susini
Production : Jocelyne Saab
Droits de diffusion : Association Jocelyne Saab

Jocelyne Saab s’exprime…

« En 1975, arrive le plus inattendu. Je décide de réaliser un film sur le Liban qui bascule dans la guerre, Le Liban dans la Tourmente, en donnant la parole à toutes les parties en présence, les Communistes, les Phalangistes…
Comme pour les autres groupes, je demande aux Phalangistes l’accès à leurs camps d’entraînement. Leur jeune chef, Bachir Gemayel, me le refuse, je passe par son père, Pierre Gemayel, que mon père connaissait. Je pars avec Eric Rouleau et Rosy Rouleau, nous filmons le défilé militaire des Phalangistes dans la montagne libanaise – tous avaient déjà été entraînés en Israël. Nous montons en voiture, une combattante se jette sur moi, m’arrache les cheveux, Rosy essaie de me libérer, elle aura une côte cassée, notre caméra 16mm est détruite, les photographies de Rosy remplaceront le tournage. Je n’en revenais pas d’avoir été tabassée pour avoir simplement fait mon travail de journaliste, je prends conscience de ma fragilité.
Ce jour-là, j’ai commencé à faire partie intégrante de l’imagerie de la guerre et cela ne m’a plus jamais quittée, comme si j’étais une pierre détruite dans ce pays détruit. J’étais alors une jeune fille frêle, instruite, rien à voir les membres des commandos. Mais l’agression m’obligeait à choisir un camp, alors même que j’étais prête à écouter tout le monde. Je me suis donc engagée, un temps. Mon père, qui avait obtenu ce rendez-vous, était fou de rage. C’était déjà le Liban de la guerre totale entre les communautés. »

Propos recueillis par Nicole Brenez à Paris en 2015

Note d’intention

« Tourné pendant une période d’accalmie, entre le 1er août et le 8 septembre, Le Liban dans la tourmente se présente comme un reportage-documentaire : tendant à expliquer l’origine d’un combat fratricide, dont les causes profondes sont, de l’avis de ses auteurs, Jocelyne Saab et Jorg Stocklin, essentiellement sociales et institutionnelles. Et sans doute cette orientation précise, qui va à l’encontre des idées généralement reçues et acceptées en Occident, constitue-t-elle la principale originalité de ce reportage. Guerre de religion, le conflit qui divise les Libanais ne l’est en effet qu’au premier degré et dans la mesure même où l’état libanais, en imposant à ses citoyens d’inscrire une appartenance religieuse sur leurs cartes d’identité, leur impose du même coup une auto-discrimination. Mais au-delà de ce cloisonnement établi par des institutions archaïques et assuré tant bien que mal par les libanais, chrétiens et musulmans, au-delà de ces apparences manichéistes, combien d’autres réalité, aussi diverses que méconnues n’ont-elles pas nourri ce conflit… »

Jocelyne Saab et Jorg Stocklin

Revue de presse

« Tourné avec de très petits moyens, Le Liban dans la tourmente ne s’embarrasse pas des coquetteries esthétiques. Son seul but est d’’informer. Il y réussit parfaitement. »

Télérama, 10 décembre 1975

« Plus qu’un simple documentaire, c’est une tentative d’explication de ce combat fratricide ».

France Soir, 9 décembre 1975

« Le documentaire qu’il faut avoir vu pour comprendre la crise libanaise. Pour s’expliquer, non seulement les problèmes économiques et sociaux du pays, mais aussi ses affrontements religieux et politiques. Pour comprendre comment, soucieuse de conserver sur les musulmans une primauté arbitraire, la droite chrétienne fait entraîner une de ses nombreuses milices armées par un ex-tueur français d’Indochine et d’Algérie. Pour savoir comment survivent dans leurs camps les réfugiés palestiniens et comment la misère pousse des déshérités libanais à la violence […] Un documentaire passionnant et instructif. »

Le Canard enchaîné, 10 décembre 1975

« Les auteurs ont fait mieux que de fournir une interprétation de la crise : ils nous soumettent un dossier, nous livrent les témoignages des principaux protagonistes de la guerre civile. Chrétiens et musulmans, progressistes ou conservateurs, bourgeois, prolétaires, intellectuels, exposent leurs thèses respectives, nous disent pourquoi ils ont pris les armes, confient leurs angoisses, leurs espoirs et leurs objectifs. Une mosaïque de la société libanaise pulvérisée par l’explosion populaire est ainsi reconstituée sous nos yeux […] Le Liban dans la tourmente a surtout le mérite de situer le conflit confessionnel dans son véritable contexte. […] Le fond du débat, tel qu’il transparait dans le film, oppose partisans et adversaires du statu quo politico-social, les uns et les autres, s’appuyant sur des amitiés ou des complicités étrangères. […] [Le reportage nous vaut] des images imprégnées d’une poignante poésie. »

Le Monde, 2 décembre 1975