Un architecte-philosophe, élève de Hassan Fathi, explique comment il a construit sa maison, en terre crue, quelque chose d’une seule matrice, qui relie l’infiniment petit et l’infiniment grand, quelque chose qu’on a oublié en cette fin de siècle, qu’il voudrait retrouver comme l’avaient fait les Egyptiens à l’époque pharaonique. Il offre l’explication de ce projet depuis la fabrication de la première brique de terre jusqu’à la philosophie de la conception d’un art de vivre : mettre sous la même enseigne l’Orient et l’Occident.
Note d’intention
« Janvier 2009, Olivier Sedanoui architecte de terre me demande de faire son portrait… Je prépare alors en Égypte une exposition de photos sur le thème « masques et
identités ». Je façonne des masques de terre sur les visages de mes modèles avant de les photographier, ce qui me permet de mieux déceler leur identité vernaculaire ou leur perte d’identité.
J’hésite car je me demande comment par un seul cliché je vais dessiner l’identité de cet architecte au caractère bien
trempé, dont j’ai fait le portrait il y a vingt ans dans un film intitulé « l’architecte de Louxor pour la troisième chaîne française ».
Olivier Sednaoui raconte dans ce film de 26 minutes comment dans son architecture de terre, il allie l’infiniment grand à l’infiniment petit, comme les pharaons dans l’architecture des temples pharaoniques. Disciple de Hassan Fathi qui « construit pour les pauvres », l’élève rêve de dépasser le maitre. Les lignes qu’ils dessinent épousent une nouvelle philosophie de vie.
Je façonne comme pour les modèles de mon exposition un masque de terre sur le visage d’Olivier, en ce premier janvier 2009. Je photographie avec une idée en tête : la terre lui colle naturellement à la peau.
Je travaille son profil comme ceux que l’on trouve sur les monnaies grecques anciennes. Un peu comme pour donner envie de retourner la pièce pour connaître l’autre face.
Après tout, les origines de l’architecture se situent entre l’Égypte ancienne et la Grèce antique. Olivier a choisi de vivre à Louxor dans la vallée des rois, non loin du temple de
la reine Hatchepsout qui se faisait représenter sur les bas-reliefs accompagnés de son architecte. L’idée d’un nouveau portrait en 52 minutes vingt ans après le premier avait germé… Ce sera un film malin, savant, hyper pro, mais aussi un film condensé, déjanté, érotique, surréel, un film météorite. »
Jocelyne Saab