La Révolution iranienne a conduit à la chute du Shah et à l’installation d’une République islamique. Ce film a pris le parti de s’écarter de l’actualité la plus brûlante pour tenter de cerner, à travers l’ensemble de la société, ce que représentait cette vague qui allait déferler sur le monde musulman.

Distribution

Réalisation : Jocelyne Saab
Image : Jocelyne Saab
Journaliste : Rafic Boustani
Production : NHK
Droits de diffusion : Association Jocelyne Saab

Jocelyne Saab s’exprime…

« Quand j’ai fait le bilan de tout cela à partir de Beyrouth (trois films) qui est le symbole de mon pays, j’étais dans une période de doute et j’ai voyagé au Sahara, en Iran, en Égypte… Je me suis intéressée à ces pays pour voir si je voyais bien les choses. Je me suis aperçue qu’intuitivement je suivais la même démarche : en Iran, j’étais fascinée par cette époque révolutionnaire, ce que j’en savais : combats à l’arme blanche, chute du Chah. J’y ai retrouvé tous les relents révolutionnaires que j’avais connus, auxquels j’avais adhéré : mouvement
des étudiants américains, Woodstock, mai 1968. Je suis arrivée à la fin de l’époque révolutionnaire et puis tout s’est effondré. J’ai encore joué là-bas l’impressionnisme, laissé aller ma sensibilité.
Le film s’appelle L’Utopie ne marche pour souligner ce mouvement de passe, cette nouvelle idéologie communautaire qui s’édifiait et les dangers vers lesquels ce pays pouvait aller. »

Propos recueillis par Sylvie Dallet à Paris en octobre 1983.

Note d’intention

« Les révolutions des trois derniers siècles ont été inspirées par des philosophes. / Le philosophe comprend les choses. Il parle à l’esprit. / Le prophète les sent. Il parle au cœur. / Et les peuples répondent mieux à l’appel de cœur qu’à celui de l’esprit », prédisait Ali Shariati, célèbre penseur iranien mort avant que n’éclate la révolution iranienne.

Ce film, tourné au cours des premiers mois du «Printemps perse », est le témoin d’un moment historique où tous les possibles sont sur la table. Trente-cinq millions d’iraniens cherchent dans l’utopie d’un islam nouveau à reconquérir une identité culturelle. Et l’aspiration à la liberté d’un peuple, trop longtemps brimé par la dictature du Shah, s’exprime de façons contradictoires. La caméra suit alors dans le bazar d’Ispahan la campagne électorale d’un député de tendance libérale ; à l’université de Téhéran, les violentes diatribes entre partisans de Shariati et ceux de Khomeini. Dans les rues de la capitale, l’objectif enregistre les actions punitives des nouveaux nervis de la pureté islamique : les Hezbollahis.

Nous assistons aussi à l’entraînement des premiers Basijs et Pasdarans, bras armés de l’ordre en gestation dont la mission est de lutter contre les tentations autonomistes. Car l’Iran est un pays multiethnique. Dans les montagnes du Nord, la minorité kurde forme elle aussi ses brigades : les Peshmerga. A l’Est, les tribus du Baloutchistan renouent des contacts avec leurs frères Afghans, de l’autre côté des frontières.
Iran, l’utopie en marche donne au spectateur une grille de lecture qui l’aide à comprendre les enjeux actuels dans cette région. »

Jocelyne Saab

Revue de presse

« Portrait réussi d’un pays qui cherche dans l’utopie d’un Islam nouveau à reconquérir une identité culturelle. »

The Asahi Shimbun, 1981

«Nous découvrons dans l’Utopie en marche comment la secousse iranienne a ébranlé l’édifice mondial et l’équilibre imposé par les deux grandes puissances USA et URSS, et a fait jaillir le courant de l’intégrisme Islamique. »

Sveriges Television, 1981