En 1976, la ville de Beyrouth connaît le début de son calvaire. Avec les yeux de son enfance, la réalisatrice suit six mois durant, au jour le jour, la dégradation des murs. Tous les matins, entre six et dix heures du matin, elle arpente Beyrouth à l’heure où les miliciens des deux bords se reposent de leurs nuits de combats.

Distribution

Réalisation : Jocelyne Saab
Commentaire : Etel Adnan
Image : Hassan Naamani, Jocelyne Saab
Montage : Philippe Gossele
Lu pour la version française : Jörg Stoecklin
Lu pour la version anglaise : Jocelyne Saab
Production : Jocelyne Saab
Droits de diffusion : Association Jocelyne Saab

Jocelyne Saab s’exprime…

« À partir du moment où j’ai décidé de rester à Beyrouth, de témoigner de tout ce qui s’y passait, ma manière de filmer a changé. Je prenais ma caméra et je prenais des images quand je sentais l’écho de ce grand jardin qui disparaissait. Encore aujourd’hui, tout mon travail est dominé par la recherche de ce jardin d’enfance, de son souvenir idéalisé qui m’habitait et m’habite encore entièrement.
C’est pour cela que j’aime particulièrement Beyrouth, jamais plus : je filme les murs, les rues, les endroits qui me sont familiers avec amour et douleur, douleur de voir que tout ce que j’ai aimé est en train de disparaître, mais animée par la volonté et la nécessité d’en préserver une mémoire.
Avec Beyrouth, jamais plus, j’ai fait éclater les règles du montage, en travaillant avec mon monteur Philippe Gosselet comme pour une partition à quatre mains. J’ai confié le texte à Etel Adnan, la grande poétesse libanaise qui a écrit le texte qui est, selon moi, le texte le plus juste qui ait été écrit sur l’engagement, pour soi, pas pour les autres, et c’est très important de l’assumer afin de ne jamais se trahir. Je revendique tout ce que j’ai fait dans ma vie, parce que je l’ai fait librement. »

Propos recueillis par Mathilde Rouxel en 2013

Revue de presse

« Beyrouth, jamais plus, un film de Jocelyne Saab commenté par la poétesse libanaise Ethel Adnan était présenté mercredi soir, 11 août, à juste titre comme un document « exceptionnel » au journal télévisé d’Antenne 2, dont il occupait la plus grande partie. Exceptionnel non certes par les révélations qu’il eût pu apporter, mais par ce ton d’élégie poignante qui donnait aux images d’une ville martyrisée l’aspect d’un commentaire visuel de Dante : « Il n’est pas de plus grande douleur que de se souvenir des jours heureux dans la misère ». Images souvent magnifiques dans leur surréalisme, et à propos desquelles Ethel Adnan citait justement le nom de Magritte. »

Le Monde, 13 août 1976

« Beyrouth jamais plus décrit la décrépitude actuelle de la ville. Les images parlent d’elles-mêmes : quartiers détruits, pillages, objets démolis. Les enfants font la guerre. Ils ont quinze-seize ans et leurs propos sont déjà amers. Jocelyne Saab est journaliste mais son film dépasse le compte-rendu : il est une dénonciation de la guerre. »

La Voix du Nord, 10 décembre 1977