Dans le cadre du Festival franco-arabe de Noisy-le-Sec

Lettre de Beyrouth

Trois ans après le début de la guerre civile, la réalisatrice revient dans sa ville pour quelques mois. À cheval entre un pays en guerre et un pays en paix, elle éprouve du mal à se réadapter à la vie. Remettant en marche un bus, alors que les transports en commun ne fonctionnent plus, elle provoque un sursaut de normalité dans la ville en guerre : des gens montent dans le bus, où ils voient un espace de sécurité.

Documentaire, 1978, couleur, Liban, 16 mm, 52 min.

Réalisation : Jocelyne Saab, commentaire : Etel Adnan et Jocelyne Saab, image : Olivier Guenneau, son : Mohamed Awad, montage : Philippe Gosselet, production : Jocelyne Saab

Séance suivie d’une présentation du Livre pour sortir au jour de Jocelyne Saab (éditions commune/ association Film Flamme, 2023), en présence de Martine Derain, éditrice.

La réédition du livre « En Attendant Omar Gatlato » sur le cinéma et la cinémathèque d’Alger dans les années 1970, publié en 1979, a été pour moi l’occasion d’ouvrir mes archives de ces années mythiques, et d’en faire le récit. Le livre ouvre sur  « Sauvegarde » un essai sur la mémoire; une mémoire que des traces  fragiles réveillent, des archives in-archivables. Cet essai porte sur  la culture post-indépendance des années  60 et 70, il nous plonge dans le vécu de ces années  de fraternité, de débats, d’émotions, d’innocence, mais aussi éclaire le présent. Il nous donne des pistes pour comprendre la scène culturelle d’aujourd’hui, en montrant comment, à travers l’histoire du cinéma, dans « l’âge d’or » de la Cinémathèque, l’époque  des utopies révolutionnaires nées  de l’euphorie de la décolonisation en Afrique, en Amérique Latine, étaient déjà inscrites les affrontements entre une conception libertaire et universelle de la création  et celle conservatrice et identitaire qui aujourd’hui emporte nos espoirs et nos rêves.  Un constat emblématique des cultures post coloniales.  

Précédé à 17h30 d’une conférence de Wassyla Tamzali, modération Mathilde Rouxel.

Wassyla Tamzali est une écrivaine, féministe, avocate et ex-directrice des droits des femmes à l’UNESCO, aujourd’hui fondatrice et directrice d’un centre d’art à Alger : Les Ateliers Sauvages. C’est à la cinémathèque d’Alger, dans les années 1970, qu’elle a rencontré Jocelyne Saab : témoin d’un temps où Alger était encore la Mecque des révolutionnaires, Wassyla Tamzali situera avec cette masterclass toute une période de l’histoire du cinéma dans un contexte qui nous aidera à appréhender, aujourd’hui, ces images du passé.